En finir avec le capitalisme mondial - étatique ou terroriste - ou être enseveli sous ses cendres

 

 

Toutes les victimes sont les victimes du capital mondial

Les tragiques événements survenus à New York vont avoir une portée incalculable sur la situation internationale et l’existence de tous les travailleurs de cette planète.

L’Etat américain met partout des drapeaux nationaux qui exaltent la « patrie », proclame un état de guerre permanent et enrôle des volontaires pour son armée, prêts à mourir. Il cherche à exploiter jusqu’au dernier grain de cendre les 6.000 victimes du World Trade Center qui ont péri dans la destruction perpétrée par des terroristes.

Ces morts ne sont pas les siens. Il s’agissait pour la plupart de travailleurs, de l’ouvrier à l’ingénieur, de nationalités du monde entier, qui vendaient chaque jour leur force de travail pour le Capital international. S’il s’avère que les terroristes ont été armés et formés par le milliardaire Ben Laden, qui tient une place non négligeable dans le système capitaliste financier international, les victimes ont bel et bien été assassinées par le Capital international.

Ces morts ne sont pas les siens. Les Etats-Unis – pendant des années – ont armé et entraîné dans les camps de la CIA des guérilleros d’Aghanistan et d’autres pays, à qui ils ont enseigné les méthodes du terrorisme d’Etat. Les créatures de l’Amérique ont bien retenu les leçons de leurs maîtres et les ont retournées contre eux.

Les 6.000 victimes du World Trade Center ne peuvent dissimuler les autres victimes du capital. Ce sont les victimes des bombardements en Iraq, les enfants qui meurent de faim, les victimes des bombes au « plutonium appauvri »; ce sont toutes les victimes des bombardements dans l’ex-Yougoslavie ; ce sont les millions de personnes que le capital a armées en Afrique dans des conflits sans fin qui ont laissé des millions de victimes. Il est vrai que pour la principale puissance capitaliste une vie d’officier du Pentagone vaut – en termes d’investissement en capital – un million de fois plus qu’une misérable vie d’ouvrier, de paysan et de sans-travail, sur la surface de cette planète.

Les ruines encore fumantes du World Trade Center sont plus qu’un objectif du capital américain visé par les terroristes. Les tours se sont effondrées comme s’effondrent maintenant les marchés économiques internationaux, comme s’effondre tout espoir de reprise économique.

Ces ruines sont une partie des ruines que le Capital mondial, dans ses différentes ramifications nationales, laisse à travers le monde : de la Tchetchénie à la Serbie, de l’Afrique à l’Asie du Sud-Est, champs d’affrontement entre les différents impérialismes, petits ou grands, ou entre bandes armées terroristes.

Les conséquences et les enjeux

Les Américains - et leurs alliés occidentaux - vont envoyer leur armée en Afghanistan et bombarder tout le pays, où est censé se cacher actuellement Ben Laden. Le bilan de leur « vengeance » - de l’attentat commis contre des symboles de leur puissance - sera bien plus lourd en pertes humaines que les 6.000 morts des attentats terroristes aux USA. Et l’intervention à terre de troupes américaines mettra fin à l’option « zéro mort », martelée de 1991 à 1999. Le capital américain cette fois va exiger la vie et le sang de ses « boys ».

Cette « punition » du gendarme du monde capitaliste s’inscrit en fait dans une stratégie à long terme : contrôler les sources de pétroles chez leurs alliés arabes, au Proche et au Moyen Orient ; installer une présence militaire durable en Asie centrale, aux frontières de la Chine et de la Russie. Cette politique est dans la continuité de la politique suivie depuis la guerre du golfe en 91 et dans les Balkans en 99.

Le problème majeur est que les Etats-Unis jouent avec le feu : en intervenant dans un pays d’ « islamisme radical », rattaché en fait aux pays du golfe arabique et au Pakistan, ils ne font qu’aggraver la situation. L’idéologie américaine de défense des « valeurs démocratiques » est de peu de poids face à l’idéologie de pays islamistes qui présentent leur « croisade » terroriste (djihad) comme une revanche des « pays pauvres » contre « les pays riches », suivant en cela Mussolini qui naguère parlait naguère d’un affrontement entre « nations nanties » et « nations prolétaires ». Et la « djihad islamique » rappelle étrangement la « guerre sainte » des « peuples de l"Orient », proclamée par le capitalisme d’Etat russe à Bakou en 1920.

La politique israélienne menée par le gouvernement de droite radicale (Sharon), avec l’aval des USA, pour opérer un « nettoyage » des Palestiniens ne fait qu’aggraver encore une situation, qu’utilisent habilement les forces « islamistes » et leurs commanditaires.

Le gouvernement Poutine, fort cette fois de la compréhension américaine et moyennant l’acceptation d’une présence provisoire de troupes américaines au Tadjikistan, pourra poursuivre son action de nettoyage ethnique du Caucase, contre ceux qui se dressent contre sa volonté de contrôler les « autoroutes du pétrole » de la Caspienne à l’Adriatique. Au risque d’une déstabilisation encore bien plus grande dans toute l’Asie centrale, et d’une recrudescence d’actes de terrorisme à grande échelle.

L’action américaine ne réussira pas à imposer la pax americana : c’est à une gigantesque déstabilisation du monde à laquelle il faut s’attendre.

Quant aux terroristes, quels qu’ils soient, loin de disparaître sous les bombes américaines : ils ne feront que renaître en innombrables bombes vivantes sur un terreau favorable : celui de la décomposition économique et sociale accélérée dans le tiers monde, et de la crise ouverte du système capitaliste mondial.

Maintenant tout est possible sur la voie qui mène vers une barbarie généralisée touchant le monde entier : si aujourd’hui les terroristes se transforment en kamikaze « classiques », comme lors la deuxième guerre mondiale, ils peuvent demain disposer d’instruments de mort bien plus sophistiqués : armes chimiques et bactériologiques, voire bombes atomiques miniaturisées. La moindre puissance secondaire (Inde, Pakistan, Israel, Afrique du Sud) dispose de bombes atomiques, que même des mafias (comme en Russie) peuvent brader au plus offrant. Tout cela ouvre ainsi la voie à une réaction en chaîne menaçant directement l’humanité tout entière.

En différents endroits de la planète, les nationalismes sont chauffés à blanc idéologiquement - un peu comme juste avant Sarajevo en juillet 1914. Tout cela ne peut qu’engendrer de gigantesques pogromes sur plusieurs continents, au nom de religions, quelles qu’elles soient (judaïsme-christianisme et islam, islam et hindouisme) ou d’un prétendu affrontement entre « pays du nord » et « pays du sud ».

Toutes ces grandes manoeuvres politico-religieuses, agitant de prétendues « croisades de civilisations » - « démocratie » contre « barbarie », « islamisme » contre « Occident corrompu » - n’ont qu’un seul objectif : persuader les masses exploitées des pays développés et du tiers monde qu’il n’y a qu’une seule perspective : le nationalisme le plus destructeur et le plus suicidaire.

Le 11 septembre 2001 est bien un jour noir dans l’histoire de l’humanité, si rien ne s’oppose à ces réactions en chaîne qui ne sont plus des images virtuelles de « films catastrophes » mais des images réelles du présent.

Un monde qu’il est encore temps de changer si nous ne voulons pas périr avec lui

Pour tous les travailleurs, ouvriers, paysans et sans-travail du monde entier, il existe une véritable issue : une révolution socialiste mondiale, menée par le prolétariat international, pour mettre fin aux immenses injustices sociales, aux massacres, aux guerres sans fin entre nations, ou entre bandes armées ; opérer une véritable et équitable répartition mondiale des richesses, rebâtir un monde que détruit chaque jour plus le capitalisme mondial ; construire un monde sans nations où enfin l’humanité sera vraiment unifiée.

Le seul événement qui peut tirer les travailleurs du monde entier de l’hébétitude causée par les récents événements, c’est la crise qui s’annonce plus grave et plus brutale. C’est une crise que ni les interventions militaires des uns ni les actions terroristes des autres, ne pourront longtemps dissimuler. Face à une menace d’effondrement, les travailleurs du monde entier seront amenés à se poser la vraie question : celle de la définitive disparition d’un système qui nourrit guerres meurtrières en chaînes, actions terroristes insensées, menaçant l’existence de l’humanité toute entière.

Seuls les travailleurs du monde entier, rejetant toute barrière de nation, de religion, de prétendue « race », peuvent montrer par leurs grèves, leurs actions contre les capitalistes quels qu’ils soient, organisés en Etats ou en bandes terroristes, que leur détermination de résister à un système économique qui les conduit directement au néant ne s’est pas effondrée avec les tours jumelles du World Trade Center.

Lundi 17 septembre 2001

Site « left-wing communism : an infantile disorder ? ».